Vient de paraître :
« Parlez-moi d’Aix… », l’indispensable dictionnaire amoureux de Daniel Chol
Le fait est indéniable, Daniel Chol est un amoureux d’Aix-en-Provence. Il y est né il y a quelques printemps et, depuis, courtise assidûment « la belle endormie » afin de pénétrer son intimité. D’elle, il connaît désormais de nombreux secrets, avouables ou non, et en dévoile quelques-uns au cœur du « dictionnaire d’un amoureux » qu’il offre à sa belle et à ses rivaux courtisans sous le titre « Parlez-moi d’Aix… ».
Sur jaquette vieux rose, sous le titre, l’un des deux mascarons joufflus sculptés par Chastel pour la fontaine d’argent, pierre dorée, filet d’eau : il n’en faut pas plus pour illustrer Aix l’élégante. C’est vrai que Daniel Chol, docteur en histoire de l’Art, déjà auteur d’ouvrages sur le patrimoine mobilier et architectural aixois, s’est laissé aller à son péché mignon de conteur pour livrer un ouvrage aux anecdotes savoureuses. Il redonne vie au passé avec érudition, style et finesse.
Ce passé, ici décliné au présent, dame le pion aux contemporains puisque sur 91 entrées possibles, quatre seulement sont consacrées à des vivants et, hasard ou non, les quatre font vivre la culture : Dominique Bluzet, entrepreneur de spectacles, Paule Constant, écrivain, Hélène Grimaud, pianiste et Angelin Preljocaj, chorégraphe. Malicieux, lorsque l’on s’étonne de ce fait, Daniel Chol esquive : « Il y a peu de vivants car c’est difficile de dire s’ils resteront dans le temps et l’histoire. J’ai travaillé au coup de cœur pendant six ans pour réaliser ce dictionnaire, poursuit-il. Je n’ai pas fait de liste. Et s’il y a 91 entrées, c’est tout simplement parce qu’elles se sont imposées à moi. » Difficile, ici, de sélectionner des morceaux choisis tant les passages savoureux, instructifs, cocasses, se succèdent d’une page à l’autre. Il faut dire que quelques grands écarts sont proposés. Ainsi au chapitre « Libertins » peut-on lire : « Le marquis libertin ( D’Argens, ndlr) se plaît à raconter par le menu les ébats érotiques (…), d’un capucin de cinquante¬ trois ans, le père Dirrag avec une jeune ingénue, Eradice. (…) Pour pimenter son récit, il imagina que le confesseur utilisait un prie-Dieu et un gros cordon de Saint-Michel pour faire connaître à sa bien naïve jeune pénitente « la jouissance du bonheur céleste ». Alors que quelques pages plus tôt un chapitre est consacré à la très catholique confrérie de pénitents des Bourras dont la messe dominicale en leur chapelle, rue Lieutaud est célébrée selon le rite romain de saint Pie X ! On remarquera aussi, et entre autres, cette excellente photo d’archives ou la banderole « Parti Communiste Français » trône au-dessus des atlantes de l’hôtel Maurel de Ponteves sur le cours Mirabeau, on découvrira « Le chevalier à la rose » de Saint-Jean-de-Malte, « Finsonius », la bête des Gad’zarts, et bien d’autres choses, encore, qui ont fait d’Aix une belle vivante au long des siècles. Le mieux est encore de se procurer cet ouvrage de quelque 300 pages et des poussières, richement illustré, la grande et la petite histoire d’Aix-en-Provence racontées sous forme du dictionnaire d’un amoureux qui s’appelle Daniel Chol. Indispensable !
Michel Egéa
Daniel Chol au cœur d’un jardin privé d’un hôtel particulier qui lui est cher. (Photo M.E.)